Les derniers de Larache
La trace espagnole à Larache peut se trouver à la place d'Espagne, avec son horloge solaire formé de douze palmiers, et le balcon de l'Atlantique, ainsi que dans beaucoup de ses avenues et dans les deux cimetières chrétiens où reposent les restes de milliers d’entre eux et des fils de leurs fils, mais elle est spécialement vivante dans l’écrivain marocain Mohamed Sibari, récompensé du prix Pablo Neruda en 2004 par le Gouvernement Chilien.
Sibari a publiés une dizaine de livres et tous sont écrits en Espagnol, parce qu'il est seulement capable de s'exprimer par écrit, en langue de Cervantès.
Fondateur et secrétaire général de l'Association d'Auteurs marocains en Langue espagnole, ce larachi de 60 années, formé dans le collège des Maristas, est un troubadour, un conteur d'histoires avec morale, qui les fait apparaître comme dards empoisonnés contre les corrompus, en comprenant de chemin un chaud et ironique cri de liberté et de justice. Dans son dernier livre, Le Babouche, sa dédicace le dit tout : « Les personnages, les événements et les diatribes de ces histoires sont, dans leur totalité, produit de l'imagination et du désespoir de l'auteur. Pour toute similitude avec la réalité, il faudra accuser le hasard, et son auteur ne répondra pas de ces détails (à moins qu'ils lui profitent).
Fils d'Ahmed, un régulier qui a fait la guerre civile espagnole avec les troupes nationales et qui est ensuite resté jusqu'à 1945 dans la garde more du général Franco, Sibari libère ses batailles dans l'hebdomadaire La Mañana , organe permanent d'expression en Espagnol. Son image littéraire, son militantisme du castillan, il les expriment en écrivant son oeuvre depuis la terrasse du Café Central, près de l'hôtel Espagne où, au fait, Franco hébergea des années avant la guerre _ à la place d'Espagne. ET marche par le jardin des Hespérides, un autre lieu larachi mythique, en cherchant les trois pommes d'or que gardent encore Thésée, Cuvette et Hespéridé, avec Ladon en vigile.
Par : Jorge Bezares
Traduction de : Abdelouahid Bennani
El Mundo du11 décembre 2005 Revista del domingo