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Nombre de messages : 328 Localisation : Maroc Date d'inscription : 28/12/2006
| Sujet: Le Coup De Babouche Dim 14 Jan - 18:00 | |
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Le Coup De Babouche
Pour moi, comme pour beaucoup d’autres, Sidi Mohamed Sibari est le narrateur officiel de Larache. Depuis qu'est apparu son premier roman (le Cheval) en 1993, il a développé une grande activité littéraire qui naît, dans une bonne partie de sa production, de la tradition orale du Maroc. En effet, quand nous nous submergerons dans ses histoires, et spécialement dans les histoires courtes, nous récupérons avec eux le style du conteur qui se livre aux auditeurs inattendus, au public qui s'arrête au milieu du Souk pour écouter ses fables. Il est, en effet, capable d'inventer mille histoires qui déguisent les anecdotes réelles et bien connues de tous. Mohamed Sibari, comme fabuliste, comme conteur, sait lancer la trame de sorte que les faits réels dont elle est nourrie, deviennent des histoires avec morale, c'est-à-dire, les histoires de la meilleure tradition orale.
J'ai toujours cru que Sidi Mohamed Sibari est un vieux renard qui joue avec ses lecteurs pour les soumettre à sa critique et à sa morale et étique avec la simplicité de son verbe, avec la candeur de ses trames. Il l’a déjà fait dans d'autres livres quand, après une péripétie amusante, il censure ces maris qui maltraitent leurs femmes ou les utilisent pour satisfaire leur vanité ou quand, sous une histoire apparemment anodine, son reproche le plus aigu fleuri contre ceux qui utilisent le pouvoir, l'argent ou la position pour être corrompu et corrompre les autres. Mohamed Sibari est donc l’authentique conteur traditionnel marocain, mais qui a remplacé la place publique, le marché ou le Souk par l’écriture. Et d’une telle besogne, il sort gagnant.
Si quelque chose caractérise les contes de Mohamed Sibari c'est, d'une part, l'humeur fine avec laquelle il joue avec ses personnages, et cela les rend plus humains, plus crédibles, plus proches ; et d’autre part, l’inévitable fin qui attend ses protagonistes qui ont commis un certain acte reprochable : il ne compatit jamais, au contraire, il les fait payer, d’un manière ou d'une autre, leurs péchés. Par conséquent, Mohamed Sibari agit comme un juge à qui la main ne tremble pas au moment de dicter sa sentence. Il suit aussi ici cette tradition orale Marocaine avec ces fins des fois satiriques, et d’autres moralistes.
Dans les nouvelles histoires qui sont à présent publiées, Sidi Mohamed Sibari, le maître narrateur de Larache, reprend à nouveau cette tradition orale avec laquelle il se sent si à l’aise pour nous approcher de son monde personnel, de sa ville et de ses gens.
A présent, Mohamed Sibari attaque directement la corruption des politiciens, l'achat des votes avec des tromperies et des fausses promesses, l'utilisation des gens humbles par ceux qui tentent seulement de s’accrocher au pouvoir, à un fauteuil ou à une charge. Dans ces contes, Sidi Mohamed Sibari punit sans compassion ce type de personnes, les censure, les ridiculise, mais ne se sentant pas satisfait de les avoir transformés en personnages grotesques qui ne méritent que son dédain, il fini par leur faire payer leur audace avec une punition exemplaire. Ce n’est probablement qu’une concrétisation qu’un homme honnête, comme l'est Mohamed Sibari, voudrait qu'elle arrive à ces corrompus qui se vendent à tout prix pour un morceau de gâteau.
Sergio Barce, écrivain.
Traduit par Abdeouahid Bennani NB: Le livre est sous traduction | |
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